dimanche 6 mars 2011

romantisme et tir au fusil (les docteurs n'existent pas)

Je discutais avec Erin, je lui disais que les manques que j'avais en moi me donnaient l'énergie pour écrire, que j'écrivais pour les combler (ok c'est un speech un peu cliché, mais j'étais fatigué). Et je me demandais si un jour j'allais parfaitement bien, est-ce que je pourrais encore écrire. Erin m'a dit, et son sourire n'a jamais été aussi beau : "Ne t'inquiète pas, je ferai en sorte que tu n'ailles jamais tout à fait bien".
Dans la vie je ne vois que des pièges, des failles qui peuvent se transformer en crevasses, des catastrophes en embuscades, des liens fragiles, des tremblements de terre sentimentaux. Une terre meuble et un ciel défait. Erin a en elle quelque chose qui me fait croire, pour la première fois peut-être, que tout n'est pas si noir et voué au délabrement.
On n'a pas besoin d'aller mal pour créer. Mais on créé parce qu'on a une certaine sensibilité qui nous rend plus poreux, plus susceptible d'être blessés, notre corps hyperesthésique tremble des échos du monde. On a besoin d'aller bien pour créer, pour porter tout ça, il faut une joie infinie en soi, une capacité à ne pas croire à la fatalité, une foi en nos enthousiasmes. Le malheur n'aide pas la création, mais l'entrave. Les difficultés sont là, données, par notre simple existence, elles sont communes à tous, les manques, les douleurs. Ce qui nous différencie, c'est ce que nous en faisons, comment nous y réagissons. Alors oui il y a des manques, mais je n'en ai pas besoin, je ne vais pas m'en débarrasser car ils nous sont consubstantiels, c'est là, juste là, nous sommes malades, plus ou moins, les docteurs n'existent pas. Ce dont j'ai besoin c'est de mon fight spirit, de ma capacité à me saisir de ce qui arrive, et à être enthousiaste. Il y a une idéalisation de la souffrance chez les artistes qui est le signe d'une paresse, et d'une agressivité mauvaise, c'est un prétexte qui cache des motivations de rapport de force et de pouvoir, c'est une manière de porter des coups. Je crois à la douceur, au relâchement des corps statufiés, à la légèreté.
Avec Erin nous sommes allés tirer avec une vieille carabine Holland & Holland dans un petit parc. C'était très romantique.

3 commentaires:

  1. Salut,

    Merci pour ce billet. Une de mes questions fondamentales du moment, c'est pourquoi certaines personnes sont touchées par cette sensibilité/corps hyperesthésique, pourquoi d'autres pas du tout. La coupure que ça créée avec le reste du monde. Et comment ça évolue, avec le temps ? Faut-il la diminuer / la maîtriser / ne rien faire ? Difficile... En tout cas, le fight spirit, la légèreté et l'amour semblent être de très bon remèdes !

    RépondreSupprimer
  2. Hello Pierre,
    Super ton blog d'un chômeur difficile, j'aime cet esprit
    oui fight spirit, légèreté et amour
    ;-)

    RépondreSupprimer
  3. et pour répondre à tes impossibles questions
    parce que certaines personnes ont fait le choix d'avoir un rapport au monde différent de la norme, c'est une désobéissance minuscule d'enfant dans la cour de récréation, et à partir de là c'est l'avalanche qui d'année en année nous ravage au ralenti
    mais ça vaut le coup, il n'y a pas d'autre manière de vivre, et puis on apprend des ruses, et on s'en sort, mieux que bien mec
    ouais coupure tu l'as dit, hé bien je vais te dire : tant pis pour eux, qu'ils aillent se faire foutre
    Ne rien diminuer, mais trouver des ruses pour que cette différence ne soit pas souffrance
    bonne chance vieux frère

    RépondreSupprimer