jeudi 10 mars 2011

finalement par un texto il annula et il resta à sa table de travail à écouter la même chanson pendant des heures, et c'était pas mal

Le bureau est la chose solide, tout tourne, on ne sait rien à part ce qu'on sait du bois, alors les tempêtes je les attends. Ce soir, la nuit est froide comme l'océan et n'entend rien au printemps, je ne vois rien à travers la fenêtre, c'est une obscurité poisseuse. Je sais quand je sortirai pour rejoindre mon chez-moi qu'il y aura un affrontement.
C'est la semaine des décisions. J'ai dit à des potes que je ne participerai plus à leurs dîners. Parce que je ne me sentais pas à ma place. Parce que je ne les aime pas tous autant. Parce que l'un d'entre eux est un ami de longue date, et les autres je ne les connais pas bien. Et en groupe je ne suis pas à l'aise. Les conversations de salon m'ennuient. Je suis un mauvais élève. L'un d'eux m'a dit qu'il était triste. Alors je suis triste aussi. Mais c'est comme ça. Vivre c'est aussi prendre des décisions et être honnête, ne pas se retrouver dans des situations qui ne nous ressemblent pas. Je prends des décisions en ce moment, je fais des choix, et ça me fait du bien, pas forcément là, c'est même dur, mais plus tard. Je veux que les choses soient claires et belles, et pour ça il faut être intraitable, parfois.
On voudrait être juste, tout le temps, et parfois cela ne suffit pas, d'être juste, d'être là et bien, il y a des gens que la certitude de notre présence ne suffit pas à protéger, et nos mots, et nos bras ne sont pas les médicaments que l'on croyait. Alors pourquoi ai-je été un enfant responsable toute ma vie, sans écarts, sans folie autre que dans mon crâne. Je rêve d'un sauvetage intégral, d'un paradis doux, de la fin de la douleur. Il faut quelque chose qui guérit, soigne et apaise. Parce que sinon tout ça est trop injuste.
Une amie m'a appelé, elle est internée dans une clinique psy depuis cinq semaine. Elle m'a parlé, elle a dit qu'elle aimait, que j'étais l'homme de sa vie, et je n'ai pu que répondre la vérité : j'aime quelqu'un d'autre. Alors elle a pleuré, elle dit non ce n'est pas juste, et alors que sa vie n'avait pas de sens, et qu'elle allait se tuer. Elle pleurait, et moi j'étais là avec ce stupide téléphone et mes propres larmes, et je la rassurais, mais ça ne marchait pas très bien. Il faut être optimiste, car il n'y a que ça. Quand je la verrai (quand les visites seront autorisées), je la ferai rire et je lui dirai qu'elle va vivre, que les choses s'arrangent, qu'elle est forte. Il faut avoir confiance en ceux qui ne vont pas bien. Faire ce pari. Leur faire ce don. Ne pas les infantiliser. C'est la seule solution.
Ce soir je me demande : quels monstres sommes-nous pour avoir échappé à la maladie mentale ? Pour avoir survécu si longtemps ?

2 commentaires:

  1. Je lis ce texte. Me prends l'envie d'insister. Au moins pour que vous preniez connaissance de ce projet collectif.

    Catherine (Grive)
    c.grive@free.fr

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  2. Chère dame mystérieuse,
    Je vous écris tout de suite.
    Mais vous savez j'écris de la littérature populaire, de genre. Rien de très chic.

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