lundi 30 mai 2011

lundi

Ce matin j'avais tellement faim que j'avais envie de manger.

Au travail. Retour à une vitesse de croisière acceptable. Je déploie mes ailes et je fends les nuages.

J'ai croisé une ribambelle de bébés enfants, des maternelles, minuscules mais qui marchaient déjà et parlaient, se tenaient par la main.

Le soleil ne veut rien dire. Je me demande si c'est pour ça que les gens l'aiment.

jeudi 12 mai 2011

l'histoire d'amour avec notre malheur

Le chose la mieux partagée est monde est la double personnalité. Nous sommes deux. Façon de parler ? Pas tant que ça. Ok pour le dialogue intérieur, c'est une façon de voir les choses. Nous naissons seul et peu à peu, c'est à espérer, nous inventons notre jumeau. Il y a un être en nous, qui nous est donné, façonné par nos parents, par leur histoire, leurs névroses. C'est une victime. Heureuse peut-être. Un être comme tenu en laisse par son origine. Si nous avons de la chance, c'est à dire si nous connaissons un de ces accidents bienheureux qui arrivent dans notre cerveau, alors on peut se mettre à faire naître cet être, jumeau de notre moi, un jumeau qui serait enfant du premier. C'est bizarre, je sais mais ça se passe comme ça.
On aime notre malheur. On y tient. Parce que c'est notre famille. C'est notre passé. Par fidélité. Parce que ça a été notre nourriture, notre air. On y respire. Alors que le bonheur, ce bel air, on a pas les poumons pour ça : on a des branchies merde comment ça se fait ? Comment on fait bordel pour respirer ce truc doré qui a l'air si sensationnel ? Il va falloir qu'on fasse des changements profonds en nous. Biologiques. Physiques. On va se transformer en un autre animal. On va trahir, d'une certaine façon. Mais c'est une trahison joyeuse. Il faut être déloyal à ce qui veut nous nuire. On se délivrera vingt ans plus tard. Mais la délivrance à un effet rétroactif. Alors faisons ça pour celui que nous étions. Arrachons-le au malheur. Dans ce malheur où on a l'impression d'être proche de lui, de le tenir dans nos bras. La communion dans la douleur. Saleté de langage. Saleté de contentement, de plaisir et de larmes qui nous font voyager dans le temps, avec l'illusion que nous tenons chaud à celui que nous étions, que nous lui tenons compagnie. Moi je dis : connerie. Piège. Facilité. Ce n'est pas de la fidélité. Tout le contraire. C'est la trahison totale. Si tu veux être fidèle, alors sois heureux pour celui que tu étais. C'est comme ça qu'il sourira, c'est comme ça que tu le sauveras.
Ce bonheur nouveau nous fait suffoquer. Mais est-ce qu'on a vraiment besoin de respirer ? On peut retenir sa respiration le temps de trouver un havre. On peut imaginer autre chose. S'évanouir, lâcher prise, croire qu'on va mourir un peu, et se relever d'entre les morts. Ne pas paniquer parce l'air n'entre pas dans nos poumons. Crise d'asthme. Classique. Dans ces cas là, on garde son calme. Et ça passe. Les poumons se remettent en marche. Doucement. Ils apprennent ce nouvel air. Ils ne le rejettent pas. Ils s'y font. Il blesse encore. Mais bon dieu c'est si bon. Alors on continue à s'entraîner. Et un jour on respire vraiment. Nos poumons se sont adaptés. Nous n'avons plus besoin de notre malheur pour exister, pour nous identifier, pour être quelqu'un. Nous sommes heureux, ce n'est pas toujours simple. Oh non. Mais c'est quand même autre chose que notre vie d'avant. La vraie vie commence. Ce n'est pas trop tôt.

heureusement tu n'es pas là

Heureusement tu n'es pas là. Ainsi je peux te contempler dans ton entièreté, tu es mon paysage ce soir. Loin, mais là, une absence qui est une démultiplication de la présence. Son double. Tu me manques et c'est très bien comme ça, car cela se résoudra demain soir, le vide est limité. L'absence est une loupe et un télescope, le verre correcteur de la myopie que donne le quotidien. Je retrouve mon regard sur toi, mon cœur bat avec plus de poids et de confiance. L'absence est belle ce soir.

le jour se lève et le monde est à nous

Souvent j'écoute la même chanson. En ce moment Let's not shit ourselves, de l'ami Conor Oberst (The Bright Eyes). Toute la journée. Je tombe amoureux. C'est ma façon de vivre. Et alors j'ai envie d'embrasser cette chanson, d'être embrasser par elle, de façon déraisonnable. Je veux ce contact physique avec elle, qu'à force de l'écouter, elle déteigne dans mon sang, elle s'incorpore à mon cerveau et se mêle à ma moelle osseuse. Je ne connais pas d'autre façon d'aimer, pas de demi-mesure, pas de dose homéopathique. C'est un corps contre corps. Un changement de composition de l'atmosphère. Une opération de chimie complexe. Un changement d'époque, de dynastie, de civilisation. Rien ne sera plus pareil. Les temps anciens se terminent. Le jour se lève et le monde est à nous.

mardi 3 mai 2011

la plage, le jardin, le vélo

Belles journées et je ne parle pas des nuits, des endormissements, des réveils, des repas, et l'atmosphère qui prenait soin de nous. Le retour n'est pas simple, pas tendre. Mais ce furent deux semaines qui vont irradier un bon moment :-). Et puis, nous allons ruser pour inventer nos plages et nos jardins ici même. Nous avons de la ressource.

un sourire qui écrase le monde

On s'apaise parfois. Cela arrive. De plus en plus souvent. On ne voit pas toujours des catastrophes au bord de la prochaine seconde. On se dit que le monde ne finira pas encore une fois à la fin de la phrase; que tout se brisera, que rien ne restera, que ça finira dans un hôpital ou pire, qu'il n'y aura jamais de chaleur après avoir par hasard approché un feu. Nous sommes les enfants de notre histoire. Remplis de ces méduses que sont nos souvenirs. Mais il faut rêver nos souvenirs. Les imaginer plus beaux qu'ils ne le sont. Le passé s'est une matière à travailler. Ce n'est pas trahir, ce n'est pas mentir, c'est dire : la réalité s'est trompée en me faisant vivre ça, ça n'aurait pas du se passer comme ça. J'ai besoin de belles choses. Alors le passé j'en fais mon affaire. Je maquille, j'oublie des êtres, des heures, je transforme. Tout est vrai dans mon cerveau, ce que j'invente de ce que la vie m'a donné, de ce que j'ai fait. Les choses qui ne me ressemblent pas ne sont pas arrivées. On met du temps à se ressembler. Le reste ce sont des ratures. On efface, on réécrit, joyeusement. Nous ne sommes pas les enfants de notre passé. Nous en sommes les parents. Nous éduquons notre passé, pour qu'il cesse de nous blesser. Nous le créons pour que la vie présente soit douce et possible.
Avec notre coeur de traumatisé on arrive à rire, alors bien sûr on ne sera jamais normal, on n'arrivera jamais à être parmi les autres comme les autres, on ne sera jamais guérit de la terreur qu'ils nous inspirent, mais on s'en fout : il y a de la place dans les marges, il y a une vie, plus secrète, plus belle, moins bruyante, plus profonde.
Vous voulez mon avis ? On ne s'autorise pas assez à s'éviter les situations peu agréables. On se sent en faute. On se sent anormal. On l'est. Alors autant l'assumer. C'est mieux que de couvrir ça par de l'alcool ou des comportements qui ne nous ressemblent pas. On mime les autres, mais on ne fait que se perdre soi-même. Et bon dieu je me suis perdu bien des fois. Comme un enfant, dans le noir, attiré par la lumière, la mauvaise lumière. J'ai oublié tout ça, je suis là avec moi, en moi, pour moi. Je ne suis jamais seul dans la solitude. Donnez-moi un amour, deux amis, un toit, jardin, et le monde est fait. Je ne suis pas exigeant. On s'en moque de la reconnaissance, de l'argent. Donnez-moi une vie simple et tranquille, stable et fantaisiste. Je dis "donnez-moi", mais non je le sais : je vais prendre tout ça. La conquête a commencé. Ce sont des armées qui gagnent en évitant le combat. Rien n'est plus dur que d'éviter le combat : nous avons été élevé pour ça, être tout le temps sur la scène, faire le beau, être en représentation, impressionner, écraser, dominer, gagner. Alors, on arrête. Nos armées rentrent sous terre, dans les bois, elles se dispersent.
On est dans un jardin, un café à la main, il y a du soleil ou pas, un petit peu de vent, et tout va bien. Ce tout va bien est un instrument, ce n'est pas une phrase, pas une pensée. C'est un outil, façonné par les hommes au fil des siècles. On apprend à s'en servir, à l'utiliser dans le réel. Tout va bien. Et l'on sourit immensément.

lundi 2 mai 2011

le blog d'Erin

Entre les réparations de Harley et la compta du garage, Erin a trouvé le temps de commencer un blog. C'est ici. Cela lui ressemble.